C’est devenu d’ailleurs une tradition pour l’association des victimes du Camp Boiro de se retrouver chaque 25 janvier du mois pour commémorer la date du “25 janvier 1971”. Une date qui rappelle la mort tragique des intellectuels guinéens lors de la révolution prônée par le premier président Ahmed Sekou Touré avec son parti “Unique”. Comme l’histoire nous l’enseigne, plusieurs têtes des cadres soupçonnés pour complot ont disparu dans le Camp Boiro. Les parents de ces victimes brisent le silence à cet effet chaque année, pour réclamer justice auprès de l’Etat.
En conférence de presse ce mardi 24 janvier à la maison de la presse, l’AVCB a retracé d’abord l’histoire tragique des martyrs disparus, avant d’inviter l’Etat à matérialiser le concept de “refondation” par l’indemnisation des victimes.
« Est-ce que nous pouvons sur ces violences intervenues en Guinée, nous pouvons passer une couche de silence la dessus et parlez de refondation ? La réhabilitation de ces victimes innocemment exterminées est un élément capital avant toute refondation. L’ouverture des charniers des fausses communes, l’association des victimes de Camp Boiro en a dénombré aujourd’hui de manière géolocalisée, 14 fausses communes, est ce qu’il faut parler de refondation sans parler de ces fausses communes ? La déclassification de la partie carcérale de Camp Boiro doit être à la disposition de la population pour qu’on sache ce qui s’y est passé. Et non les moindres la restitution des biens encore qui n’ont pas été restitués aux familles. Tous ces éléments sont des éléments fondamentaux avant toute refondation, où la refondation doit en tenir compte. », déclare Abdoulaye Conté, secrétaire général de l’association.
Pour obtenir justice et réparation, plusieurs associations et ONG se sont associé à l’AVCB, comme l’OGDH, AVIPA et autres.
Selon Jean Alfred Mathos, membre de l’association des victimes du Camp Boiro, il est important que l’humanité sache que la justice trébuche encore sur ce dossier.
« Ce que nous pouvons dire, dans le devoir de mémoire qui nous interpelle, à ces dates commémoratives du 18 octobre et du 27 janvier, il est important que pour la mémoire et pour la bataille de l’opinion que les Guinéens sache, que le monde entier sache que justice n’a pas été rendue. Quand vous faites un travail de devoir de mémoire, vous devez faire un travail de restitution pour restituer la vérité, cette vérité elle est su, elle est commun, elle est archivée.
Mais pour que l’articulation entre vérité justice et réparation se fasse, il faut que l’Etat guinéen prenne ses responsabilités » ,lance-t-il.
Pour cette année, la commémoration se fera en enceinte clause dans la famille de Diallo Telly à Conakry.
À rappeler que cette association existe depuis 1984, dont la mission consiste à poursuivre la manifestation de la vérité sur les violences des droits humains intervenue en Guinée.
Alseny Dine Camara