L’enlèvement brutal de Maître Traoré aux alentours de 3h du matin par des individus cagoulés a provoqué une onde de choc dans le milieu judiciaire guinéen. Selon des sources proches de la famille, l’avocat a été emmené vers une destination inconnue, sans mandat ni procédure légale. Une action qui rappelle les heures les plus sombres des abus de pouvoir et qui soulève de vives inquiétudes quant au respect des droits fondamentaux dans le pays.
Face à ce qu’il qualifie d’”acte intolérable et dangereux pour l’État de droit”, Maître Diakité, figure respectée du barreau de Guinée, a pris la tête d’une vaste mobilisation. Entouré de dizaines de confrères, il a lancé un appel solennel à “la résistance face à l’injustice et à l’arbitraire”. Ce mardi matin, lors d’une déclaration publique devant le Palais de justice de Kaloum, il a dénoncé la banalisation des enlèvements ciblés, tout en exigeant la libération immédiate de Maître Traoré.
“Aujourd’hui, c’est Maître Traoré. Demain, ce sera qui ? Un magistrat ? Un journaliste ? Un citoyen ordinaire ? Nous ne pouvons plus nous taire pendant que la loi est piétinée avec autant de mépris,” a martelé Maître Diakité, visiblement ému.
Le Barreau de Guinée, en concertation avec l’Union des avocats de la sous-région, a annoncé une série de mesures fortes, dont la suspension de toutes les audiences sur le territoire national et l’organisation d’une marche pacifique pour exiger justice. D’autres associations de la société civile ont déjà exprimé leur soutien à cette mobilisation, dénonçant une “dérive sécuritaire inquiétante”.
Ce nouvel épisode met une fois de plus en lumière les tensions croissantes entre certains appareils de l’État et les défenseurs des droits. Dans un contexte politique tendu, cette affaire pourrait bien marquer un tournant décisif dans le combat pour l’indépendance de la justice et le respect des libertés individuelles en Guinée.
En attendant, les regards sont tournés vers les autorités, appelées à s’expliquer rapidement sur cet enlèvement et à garantir la sécurité des professionnels du droit. Le silence officiel, pour l’instant, ne fait qu’alimenter les craintes et renforcer la détermination des avocats guinéens à ne plus reculer.