
Le climat était lourd ce matin à la cour d’appel de Conakry, où le dossier d’Aliou Bah, président du MoDeL (Mouvement Démocratique Libéral), devait être examiné. Mais une fois encore, l’audience n’a pas eu lieu. Le juge a décidé de renvoyer l’affaire au 28 mai prochain, une décision qui a immédiatement suscité l’indignation du collectif d’avocats de la défense.
« C’est une énième manœuvre dilatoire ! », a fustigé Me Fatoumata Diallo, membre du collectif. Entourée de ses collègues devant la presse, l’avocate n’a pas mâché ses mots pour qualifier cette nouvelle suspension de la procédure. « Cela fait plusieurs mois que le dossier est baladé d’une date à une autre. Ce n’est ni juste ni respectueux du droit à un procès équitable. »
Le report a été officiellement justifié par « l’indisponibilité de l’un des magistrats », mais les avocats de la défense y voient un motif prétexte visant à prolonger la détention de leur client.
Aliou Bah, figure montante de la scène politique guinéenne, a été interpellé en février dernier pour des faits qualifiés de « troubles à l’ordre public » après des déclarations jugées critiques envers la gouvernance actuelle. Depuis, il est détenu à la maison centrale de Conakry. Ses partisans dénoncent une arrestation politique.
Devant le tribunal, une trentaine de militants du MoDeL avaient fait le déplacement pour soutenir leur leader. « On ne se taira pas », a lancé Aminata Sylla, drapée d’un t-shirt à l’effigie d’Aliou Bah. « Ce régime veut faire taire la voix du peuple, mais nous tiendrons bon. »
Dans une déclaration transmise aux médias, le parti MoDeL a dénoncé un « acharnement judiciaire » et appelé la communauté nationale et internationale à « prendre acte de ces dérives liberticides ». Pour les avocats, l’objectif est clair : « user le moral de l’accusé, et envoyer un signal à tous les opposants. »
Le prochain rendez-vous judiciaire est donc fixé au 28 mai, mais nombreux sont ceux qui s’interrogent déjà : cette date sera-t-elle la bonne?