Dans un texte empreint de nostalgie et d’amertume, l’auteur s’adresse publiquement à Galissa Hady Diallo, compagnon d’études et de combat politique, pour exprimer sa déception face à ce qu’il considère comme un changement radical de positionnement et d’engagement. Une lettre qui résonne comme l’écho d’une fraternité brisée, d’un idéal partagé qui s’effrite et se perd.
Tout commence en 2010, au Maroc, où les deux jeunes Guinéens, fraîchement bacheliers, nourrissaient les mêmes rêves pour leur pays. Plus tard, leurs chemins se croisent à nouveau en France, toujours liés par le désir commun de voir naître en Guinée un État respectueux des droits humains et des libertés. Au fil des années, les échanges téléphoniques s’enchaînent, les projets se dessinent, les espoirs se partagent.
La fierté était au rendez-vous lorsque Hady Diallo retourne en Guinée pour exercer le métier d’avocat. « J’étais convaincu que tu tiendrais bon dans cette tempête nauséabonde où les valeurs n’ont plus aucune importance », écrit l’auteur, rappelant la confiance qu’il plaçait en son ami.
Mais le ton change brusquement lorsqu’il évoque les prises de positions récentes de l’avocat, qu’il estime contraires aux valeurs qu’ils défendaient autrefois ensemble. Dans sa lettre, l’auteur dit avoir découvert « un garçon totalement différent, perdu, ou qui s’est enfin révélé », suite à une interview jugée en rupture totale avec leurs idéaux communs. Il lui reproche notamment de justifier son changement d’orientation politique par le simple argument de la liberté individuelle, oubliant selon lui l’exigence morale incombant à tout homme engagé.
Le point de rupture se cristallise lorsque Galissa Hady Diallo revendique publiquement son choix politique en faveur de celui que l’auteur qualifie de bourreau d’un ancien client défendu par l’avocat, aujourd’hui incarcéré. Un acte vécu comme un reniement profond : « Je ne puis m’empêcher de ressentir une forme de trahison », confesse-t-il.
Face à ce constat douloureux, l’auteur avoue prendre ses distances en se retirant de son cercle d’amis Facebook, un geste symbolique mais lourd de sens. « Tu viens d’emprunter un chemin à sens unique », conclut-il, souhaitant néanmoins à son ancien camarade de trouver ce qu’il cherche sur cette nouvelle trajectoire.
À travers ce témoignage, c’est une réflexion plus large sur les valeurs, la loyauté et l’éthique politique qui s’exprime. Une lettre qui raconte non seulement la déception d’un ami, mais qui pose aussi une question essentielle : que devient l’engagement lorsqu’il quitte le terrain des principes pour celui des intérêts ?