Le Ghana est un exemple éloquent du panafricanisme réaliste, fondé sur la démocratie au bénéfice des populations. Son premier président, Kwamé NKruma, en est même l’un des plus grands symboles. Il a été déposé par un coup d’État militaire en 1966 pour s’exiler en Guinée.
Le pays a connu plusieurs années d’instabilité avant de tirer les enseignements de ses erreurs de départ. Cela lui a permis de se remettre sur une nouvelle voie qui le mène vers la stabilité politique, le progrès économique et la cohésion sociale.
• L’alternance au pouvoir s’y passe sans violence et dans le respect des lois (même le décès d’un président en exercice ne peut remettre en cause les règles qui régissent son mode de remplacement);
• Le système éducatif et sanitaire est une référence sur le continent. Le Ghana est même devenu une destination privilégiée pour les études et le tourisme sanitaire;
• Il y a rarement d’écho de scandales liés à l’exploitation de ses mines. Tant sur le plan de la gouvernance que sur le respect des normes environnementales;
• La santé économique du pays est régulièrement citée comme référence, de sorte le développement local se finance par la combinaison des ressources internes et des capitaux étrangers levés à des taux d’intérêt avoisinant 0%;
• Membre de la CEDEAO, du Commonwealth, de l’UA, des Nations Unies sans aucune polémique envers qui que ce soit. Le pays tire profit tant de ses relations bilatérales que multilatérales;
• Une monnaie locale, le Cedi, dont la valeur est proportionnelle à celle de son économie;
• Les Ghanéens ne sont des demandeurs d’asile nulle part dans le monde. Et pourtant ils étaient nombreux dans la sous région, donc en Guinée aussi, dans les années 80 et 90 à exercer les métiers de cireur, cordonnier, coiffeur, vendeur à la sauvette…
• Les anciens présidents du Ghana vivent dans leur pays comme des citoyens ordinaires. Zéro prisonnier d’opinion, zero exilé politique;
• La présidence du Ghana est une institution respectée dans le monde. Celui ou celle qui l’incarne n’est ni donneur ni récipiendaire de leçons extérieures, encore moins un polémiste;
Et pourtant le Ghana et la Guinée avaient obtenu l’indépendance dans les mêmes conditions (pacifiques), au même moment (mars 1957 et octobre 1958), le même profil de leader (révolutionnaire-panafricain), et la même idéologie de base (socialo-communisme et non alignement).
Que ce qui s’est passé entre temps pour que l’écart entre ces deux pays soit aussi significatif aujourd’hui ?
Aliou BAH
#MoDeL