Le groupe Sanofi a choisi de se séparer d’Opella, sa filiale qui produit les médicaments grand public, en particulier le Doliprane.
Le fonds américain CD&R a été choisi comme repreneur, un choix qui interpelle certains acteurs qui craignent une perte de souveraineté sanitaire. C’est le cas d’Alpha Ibrahima Sory Diallo, consultant formateur, directeur général de l’IST. En expliquant la nature de cette opération, il revient sur les mécanismes qui peuvent amener les entreprises à céder une part de leurs actions aux investisseurs étrangers.
« Ce sont des mécanismes de financement innovants, le système bancaire classique qui souvent est beaucoup plus exigeant, le fonds d’investissements intervient souvent dans les petites grandes et moyennes entreprises, des entreprises qui veulent faire carrément une extension où qui sont en difficulté. Il s’agit de mettre des fonds dans les capitaux propres de la filiale de Sanofi qui est Opella, afin de financer les frais de recherche et développement, également et faire beaucoup plus d’extension. Cette prise de participation généralement se fait sur plusieurs niveaux, le capital investissement intervient aux différents cycles de développement de l’entreprise… », explique t-il.
Doliprane est vendu à 97% en France, pays qui ne représente qu’environ 10% des ventes d’Opella et son deuxième marché derrière les États-Unis.
D’après une information du Figaro confirmée à BFM Business, le fonds français d’investissement PAI a fait une nouvelle offre, supérieure de 200 millions d’euros à sa précédente proposition, pour le rachat de la filiale de Sanofi, Opella, qui commercialise le Doliprane. Alpha Ibrahima Sory Diallo estime que la vente de cette filiale ne pourra pas rester sans conséquence sur le marché sanitaire.
« La plupart des nations aujourd’hui qui ont connu un certain niveau de croissance, travaillent avec ces fonds d’investissement qui sont beaucoup plus plébiscités aujourd’hui dans des pays émergents. Si Vous prenez le cas du Sénégal, il y’a pas longtemps l’Etat vient de racheter la filiale de la SGBS, c’est un acte de souveraineté, et le combat au niveau de la France justement, faire à ce que cette filiale de Sanofi soit encore la propriété exclusive de la France. Parce que, quand le fonds d’ investissement vient prendre part dans le fonds propre de la Sanofi, c’est comme si elle avait cédé une partie de sa souveraineté au fonds étranger. Et ceci pose souvent problème parce que les fonds d’investissement ont un locomotive différent de celui des autres qui est carrément la recherche du profit maximal.
C’est pourquoi l’Etat français doit refuser cela, il faudra que les repreneurs soient l’Etat ou des nationaux », laisse t-il entendre.
Cette nouvelle offre intervient dans un contexte tendu alors que l’annonce du vendredi 11 octobre du projet de Sanofi de céder le contrôle d’Opella au fonds d’investissement américain CD&R suscite la grogne des syndicats. Sur les conséquences, l’expert tire la sonnette l’alarme.
« Le combat, c’est quoi ? Il faudrait faire en sorte que les repreneurs soient des nationaux. Vous connaissez l’ampleur de ce produit, même chez nous. C’est l’un des produits phares utilisés aujourd’hui presque partout dans le monde, et notamment en France. Et si la fabrication de ce produit est laissée à un fonds étranger, je crois que cela risque de causer une pénurie de médicaments sur le marché, voir une augmentation du prix de doliprane sur le marché national et international, car les fonds d’investissement ont pour locomotive la recherche du profit maximal, ceci peut affecter la production du Doliprane sur le marché, mais aussi beaucoup d’emplois sur le marché du travail français », a-t-il déclaré.
En tout cas, les syndicats ne souhaitent pas lâcher prise, si toute fois pas de résolution adéquate. Ceci pourrait entraîner une “casse sociale” dans les 1.700 emplois que compte Opella sur le sol français, dont 500 sur son site de Compiègne (Oise) et 250 dans son usine de Lisieux (Calvados), entièrement dédiée au Doliprane. Mais la présidente de Sanofi France, Audrey Duval, a garanti ce jeudi la “pérennité” des emplois, des sites de production et du Doliprane.
Alseny Dine CAMARA pour newsquotidien.com