C’est une voix tremblante, mêlée de peur et d’émotion, que Madame Fatoumata Keïta raconte les terribles événements survenus dans sa cour familiale. Résidant dans un quartier populaire, cette mère de famille a vu sa maison prise pour cible par des jeunes en colère, l’accusant d’héberger un présumé vendeur de drogue, son petit-fils.
« Ça a été une surprise pour moi », confie-t-elle. « J’ai un garçon ici. Il paraît que c’est lui qu’on cherchait. Mais je ne savais rien. Le matin même, je demandais où il était, parce qu’il n’avait pas dormi à la maison. »
Vers 14 heures, l’atmosphère paisible du quartier a basculé. Des cris, puis des jets de pierres ont retenti. « J’ai vu ma petite fille courir vers moi, affolée. Elle me disait, Ne viens pas dehors ! Ils vont jeter des cailloux !” En courant, je suis tombée dans les escaliers, je ne vois pas bien », explique-t-elle en retenant ses larmes.
Enfermée à l’intérieur avec ses enfants et petits-enfants, Madame Keïta raconte avoir vécu des heures d’angoisse. « On a tout fermé. C’était des heures de cailloux. J’ai pleuré. J’ai appelé mes enfants. Ils disaient que les bandits venaient pour nous. Je ne savais plus quoi faire. »
Le jeune garçon visé par les accusations est en réalité son petit-fils, qu’elle a élevé depuis sa naissance. « Il est né avant le mariage de ma fille avec un militaire. Depuis qu’il est dans le ventre, c’est moi qui l’élève. Il m’a causé beaucoup de soucis. Mes enfants me disent souvent de le renvoyer, mais il revient toujours, il ne connaît que moi. »
Fatoumata Keïta affirme ne pas cautionner les actes de son petit-fils et avoir souvent tenté de s’en séparer. « Il m’a volé, il a vendu les matériaux de la maison. J’ai tout fait. Même les Ivoiriens qui construisaient la Maison de la folie, il a pris leurs affaires. »
Aujourd’hui, elle vit dans la peur. On lui aurait confié que certains jeunes prévoient de revenir après l’enterrement de deux d’entre eux, morts récemment et liés, selon eux, au commerce de drogue. « Je lance un appel aux autorités. Qu’elles assurent ma sécurité. Moi, je suis là avec les enfants seulement. »
Cette affaire soulève des questions sur la vulnérabilité des familles prises en otage dans des conflits liés à la drogue, et met en lumière le besoin urgent de protection et d’écoute pour des mères comme Madame Fatoumata Keïta, livrées à elles-mêmes face à une violence croissante.