Curieux adolescent ayant grandi dans le pays des présumés complots et de la cinquième colonne, je posais souvent des questions à l’école et dans mon entourage sur les faits caractéristiques de l’histoire politique de notre Guinée. Plus je lisais des ouvrages y afférents, plus mes interrogations devenaient profondes.
Par exemple, au fil des différents régimes qui se sont succédés au pouvoir de 1958 à nos jours, je me demandais comment des intellectuels pouvaient se mettre sous l’autorité des médiocres pour piller leur pays ? Comment des officiers militaires sortis des meilleures académies du monde pouvaient se laisser “guillotiner” par moins valeureux ? Que ce que l’histoire révélera sur la prison de la maison centrale de Coronthie à l’instar du camp Boiro et d’autres endroits secrets de détention et de torture (camps militaires Alpha Yaya, Soronkoni, Kindia, Kassa…) ?
Certains me disaient que le chef n’était jamais au courant des crimes qui se commentaient et que c’est l’entourage qui serait commanditaire. D’autres affirmaient que la naïveté et la lâcheté ont conduit beaucoup de personnes à la mort. Quelques-uns ajoutaient qu’ils ignoraient ce qui se passait dans ces sinistres endroits; ou du moins ceux qui en savaient avaient peur d’en parler car même les “murs avaient des oreilles”.
Alors vivre la Guinée de mon temps m’amène davantage à comprendre que les pratiques des gouvernants restent inchangées malgré le vernis qu’ils mettent parfois dessus. Je me dis au moins que le temps et les événements nous prouvent qu’une partie de notre histoire politique a été falsifiée. Je me dis également que dans 20 ans, s’il n’y a pas une véritable RUPTURE, l’histoire risque de se raconter de la même manière, et nos enfants vont nous poser les mêmes questions.
Au nom de l’autorité publique, c’est-à-dire l’État, on ne peut tuer des innocents par la faim et la soif (diète noire), violer des femmes, exproprier illégalement des familles, détourner les impôts des travailleurs, humilier des personnes respectables, célébrer la médiocrité au sommet, garantir l’impunité aux bourreaux et narguer les victimes, nier les crimes, confisquer des cadavres pour les enterrer secrètement, et espérer qu’un tel pays puisse se porter bien sans justice, réparation et réconciliation.
Il y a des choses dans la vie que même le miracle ne peut changer !
Aliou BAH
#MoDeL